Juliana : faire ma part de colibri

« Comme d’autres, ici comme ailleurs, voir ces jeunes arrivés dans les conditions que l’on sait m’a émue et en même temps, je me suis dit que je pouvais faire quelque chose, « faire ma part » de Colibri (Pierre Rabhi), comme une promesse faite à moi-même.

Je m’étais aussi dit que lorsque je ne travaillerai plus, j’aimerais m’investir dans une association de ce type. Et bien après un an de doute professionnel, de méandres personnels et un deuil difficile, j’ai arrêté de travailler et le moment est venu.

Ma fille avait une amie de faculté dont la maman avait accueilli à Langueux un jeune étranger et donc j’ai pris contact avec elle. On a discuté, elle m’a donné le contact de Françoise et on s’est rencontrée toutes les deux rapidement et tout a commencé en février dernier.

D’abord, pour moi ce fut des jeunes dans une maison louée, puis de l’aide, la rencontre avec d’autres bénévoles et de familles accueillantes. On gère l’urgence ( se loger, se nourrir) dans une ambiance conviviale et naturelle.

L’heure est donc venue d’en parler en famille, mon mari après une hésitation était d’accord et souhaitait accueillir plutôt une fille jeune ( fragile parmi les fragiles selon lui), moi, petite fille de républicain espagnol ayant connu l’exil, j’aurais bien ouvert ma porte à plusieurs jeunes, sans doute un peu de résilience, une volonté d’aider les vivants aussi.

Et puis, les vacances scolaires sont arrivées, certains accueillants partaient en vacances, c’est bien normal, et on a accueilli quelques jours D. , puis T. et est arrivé en urgence B., jeune malien, tellement jeune, tellement perdu et souffrant. Monique l’avait recueilli quelques jours, puis on nous a contacté. B., 15 ans et demi est arrivé avec son traitement médical et une vraie rencontre a eu lieu.

Depuis 5 semaines, il se pose chez nous et nous lui accordons soutien et affection au quotidien. Il nous appelle Maman Juliana et Papa Didier mais nous vouvoie. Sans doute, a-t-il besoin de dire ces mots tellement importants qui lui ont cruellement manqué, tout en préservant une distance. Pas facile de faire confiance aux adultes quand on a vécu l’exil.

On apprend toujours à se connaître au quotidien et peu importe le bout de chemin que nous parcourrons ensemble, nous serons présents de près ou de loin, pour lui donner confiance en lui et de l’espoir. Ce n’est pas notre enfant, ce n’est pas un invité, c’est un jeune ami qui vient de loin, il nous apprend beaucoup sur lui mais aussi sur nous-mêmes. »

 

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